viste dans le verger
Faire pâturer des lapins dans des vergers de pommiers

Faire pâturer des lapins dans des vergers de pommiers

Faire pâturer des lapins dans des vergers de pommiers, c’est l’idée un peu folle autour de laquelle s’est réunie une trentaine de personnes (arboriculteurs, éleveurs, chercheurs et porteurs de projets) ce lundi 6 décembre 2021 à Gotheron. En effet, des lapins ont investi un verger de Gotheron depuis trois semaines dans le cadre du projet INRAE Lapoesie (Le lapin, le pommier et les bénéfices écosystémiques interspécifiques) porté par des zootechniciens de l’UMR GenPhySE de Toulouse et des agronomes de l’UERI de Gotheron.

Deux prototypes, en place depuis trois semaines, ont été présentés lors de cette journée d’échanges. Au programme : une cage mobile légère permettant la gestion de l’herbe sur l’inter-rang et un parc fixe permettant la gestion de l’enherbement sur le rang. Dans chaque dispositif, 12 lapins âgés de 65 jours. Les premiers retours sont plutôt positifs, les lapins consomment l’herbe, les feuilles mortes, les fruits restés au sol et des branchages issus de la taille. Les dégâts sur les arbres sont absents dans le cadre de la cage mobile et semblent maîtrisables assez facilement dans le parc fixe (via la pose de manchons). Il n’y a pas eu de prédation sur les lapins protégés par une double clôture (électrique, parc ou cage). La consommation de granulés a par ailleurs été réduite de 28% dans le parc fixe (85,0 g/lapins/jour contre 118,3 dans la cage-mobile), grâce à la consommation de presque 8 kg de pommes en plus de l’herbe, des branches et des feuilles, avec toutefois une croissance moins rapide des lapins (23,5 g/jour ; 1692 g à 66 jours) par rapport au lapins logés dans la cage mobile (32,6 g/jour ; 1880 g à 66 jours).

Après avoir pris connaissance des deux dispositifs, le groupe a échangé sur les atouts et contraintes des différents prototypes, sur l’intérêt (ou non) de l’association lapins/pommiers ainsi que sur l’intérêt de l’association selon les saisons. Si les aspects liés aux impacts négatifs des lapins sur les arbres ont été très peu débattus – contrairement à ce qui l’est couramment pour d’autres d’associations élevage/verger – la rentabilité du système et la rusticité des lapins ont été source de questionnements. Les participants ont identifié les aspects positifs de l’association classiquement attendus : apport d’éléments fertilisants pour le verger, réduction du coût de l’alimentation pour le lapin, limitation de l’utilisation d’outils mécaniques… Les aspects de bien-être animal (le verger est un milieu de vie très riche) et d’image positive du lapin en extérieur (pour le parc fixe) ont également été soulignés. Quant à la saisonnalité, les périodes de traitements phytosanitaires du verger semblent être des périodes moins propices à l’association contrairement à la période post-récolte. Enfin, le rythme de mise bas des femelles imposant à l’éleveur d’avoir des portées assez fréquentes peut nécessiter d’avoir une zone de repli à l’extérieur du verger pour accueillir les lapins si l’association lapins/pommiers n’est pas possible pendant une période donnée.

Bilan de la journée : beaucoup de réflexions enrichissantes qui vont permettre d’adapter un nouveau prototype qui sera testé au printemps prochain avec une trentaine de lapins !

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