Café Agro - Les plantes à parfum - 12 février 2019

Café Agro - Les plantes à parfum, aromatiques et médicinales pour le verger - 12 février 2019

Produire des fruits différemment… Ceci questionne de manière très concrète le verger, son agencement, ses pratiques… vers des systèmes moins spécialisés et plus autonomes. Les Cafés Agros sont ouverts aux agriculteurs, conseillers… en vue d’échanger sur une thématique ciblée, avec l’éclairage des invités du jour, et de partager les expériences et projets de chacun.

Toute une diversité de plantes aromatiques et médicinales évoquées au fil des discussions dans les retours d’expérience et les travaux de recherche : Lamiacées (Labiées) aromatiques telles romarin, menthe, basilic, thym, sarriette, lavande, lavandin, origan et sauges... œillets d’Inde, cassis, ailliacées, coriandre, tanaisie…

Quel rôle peuvent avoir les plantes aromatiques en verger ?

Associer des plantes aromatiques avec des arbres fruitiers offre des services divers : attractif pour les auxiliaires et les pollinisateurs, répulsif pour certains ravageurs, production secondaire, gestion des adventices…

Comment ces plantes peuvent-elles attirer ou repousser certains insectes, et en particulier les pucerons ?

Les mécanismes de répulsion sont complexes et à plusieurs niveaux : (1) un effet ‘dilution’ via l’émission de composés organiques volatiles (cov) qui diluent ou masquent les volatiles émis par l’arbre fruitier qui est alors moins facilement détecté par ses ravageurs, (2) un mécanisme de répulsion direct et (3) un effet sur le comportement du ravageur (alimentation, reproduction). Par ailleurs, la présence de fleurs ou d’abri (arbustes pérennes) est favorable aux auxiliaires.

Encore en question : Peut-on attendre un effet sur les ravageurs souterrains (campagnols, capnode…) ? Qu’en est-il par rapport aux maladies ?

Associer plantes aromatiques et arbres fruitiers dans un objectif de répulsion des ravageurs, c’est aussi considérer divers aspects :

- Les œillets d’Inde ne sont répulsifs vis-à-vis du puceron que lorsqu’ils sont en fleur…
Les volatiles émis varient ainsi selon le stade phénologique de la plante.

- Tous les pucerons ne sont pas sensibles aux mêmes plantes !
Les volatiles émis par les plantes aromatiques diffèrent d’une espèce à l’autre, mais également d’une variété à l’autre, avec des effets plus ou moins importants sur les différentes espèces de ravageurs.

- Certaines plantes émettent moins lorsqu’il y a une restriction d’irrigation… d’autres demandent d’être touchées ou agitées pour libérer des volatiles de manière importante…
Les pratiques culturales ont également un effet sur les émissions de volatiles.

- Plusieurs stratégies possibles : cibler une période d’émission maximale en fonction de la biologie du ravageur, par ex. lors de l’arrivée du ravageur dans la parcelle, ou implanter un assortiment d’aromatiques pour assurer une émission de composés tout au long de la saison…

-L’émission des composés volatiles est importante à proximité immédiate des plantes émettrices. Mais des questions restent en suspens : Comment installer ces plantes autour des arbres ? Un couvert de faible hauteur peut-il émettre jusqu’en haut des arbres d’un verger ? Peut-on avoir un effet en implantant les plantes aromatiques en ceinture autour du verger ?

- Associer plantes aromatiques et arbres fruitiers demande de gérer une éventuelle concurrence pour l’arbre fruitier, ou d’utiliser cette association en verger trop poussant pour limiter la vigueur. A contrario, le pilotage des arbres fruitiers doit éviter de pénaliser les plantes aromatiques (sur-irrigation, risque de toxicité de certains traitements…). Enfin, la question de la mécanisation est à considérer.

Finalement, adapter les vergers pour associer plantes aromatiques et arbres fruitiers ne nous amènera-t-il pas à les transformer ?!